LIVRES d’ARTISTES
Julie Legrand/Jeanne Susplugas
Pour notre troisième rendez-vous événement WAITING FOR THE SUN! au DOC, espace de production et de diffusion artistique (Paris 19e), nous consacrons la soirée au livre d’artiste. Nous portons particulièrement notre attention à ceux, récemment publiés, des artistes Jeanne Susplugas et Julie Legrand. Issues de la scène artistique française, les artistes propose la projection d’œuvres et la lecture d’extraits de leur ouvrage, en alternance avec des échanges avec les participants. A cette occasion, elles sont accompagnées de deux invitées : respectivement, l’écrivaine Marie-Gabrielle Duc et la galeriste Céline Moine. Elles nous dévoilent ici le fil de ces publications.
La Rédaction : Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le contenu de la soirée ? Avez-vous publié un livre d’art, un livre d’artiste, une édition d’artiste ?
Julie : Il s’agit du troisième opus des éditions de la Galerie Céline Moine, le premier à avoir un dépôt légal IBSN. Il fait partie de la collection SUR LA ROUTE, collection qui s’agrègera au fur et à mesure des rencontres artistiques que peut faire la galerie ; artistes qu’elle suit au long cours et rencontres ponctuelles sur lesquelles la Galerie désire mettre l’accent.
Le but est de donner la parole aux artistes, il s’agit d’entretiens avec des personnalités importantes du milieu de l’art. L’accent est mis sur la parole, et le texte. Ce ne sont pas des livres d’images, mais des outils de réflexion discursive et d’approfondissement.
Jeanne Susplugas : C’est une monographie qui fait le point sur plus de 15 ans de travail. C’est une étape importante car en plus de faire un état des lieux, elle tire des fils entre les différentes pièces et le corpus de recherche.
LR : Dans quelle conditions ? A quel moment de votre parcours ? Quelle est sa particularité ? Quel est son objectif ?
Julie : C’est aussi une rencontre plus poussée avec Pascal Pique qui m’avait proposé l’an dernier d’exposer à la Galerie Agnès B, au Musée de Lacoux, au CIAV de Sète, et cette année au Cairn – Musée et Centre d’Art Contemporain de Dignes-les-bains dans le cadre du cycle d’exposition du Musée de L’invisible qui questionne le rapport à l’arbre, la pierre, l’alchimie, la foudre, le vivant etc. dans notre société en mutation.
Pour moi en tant qu’artiste, c’est une publication importante qui me permet de faire le point sur dix sept ans de travail. De placer les œuvres dans un cheminement de vie, de faire des rapports entre mes différentes pratiques (installations in situ, performances, sculptures.. ) les matériaux que j’emploie, ma manière de travailler, et les notions ou dynamiques qui m’importent.
JS : A l’occasion de différentes expositions personnelles, nous avons décidé avec les différents acteurs de faire cet ouvrage. On the wagon, Galerie de l’Ecole des Beaux Arts, Montpellier, 2014 ; Monkey on back, Musée en plein air du Sart-Tilman, Liège, Belgium (curated by Julie Bawin), 2014 ; All the world’s a stage, Le Lait centre d’art contemporain, Albi (curated by JR Meyer), 2013 ; Stratégie d’enfermement, Chapelle de la Visitation-Art Center, Thonon les Bains, 2013. Et avec le soutien de l’institut français : House to house II, Pioneer Works, NY (curated by Fragmental Museum/Guy Reziciner), 2014 ; Opening night, Emily Harvey Foundation, NY (curated by Laurence Bruguière), 2014
LR : Quelle place a-t-il par rapport à vos œuvres « plastiques » ?
J : C’est un accompagnement et une prise de parole différente, qui relient les oeuvres au delà des années et montre les évolutions, avec tournants et persistances, du parcours.
JS : C’est un outil de travail, un accompagnement.
LR : De quoi nous parlerez-vous lors de la rencontre à propos de ce livre ? Comment le présenterez-vous ? Qu’est-ce qui en fait un rendez-vous important sur le livre d’art(iste) et/ou sur votre travail ?
J : Simplement, de sa gestation, de sa place pour les éditions Céline Moine et la Galerie, et pour moi.
JS : J’ai souhaité que Marie-Gabrielle Duc m’accompagne car mon travail entretient un lien fort avec la littérature et la notion d’invitation.
Il me semble intéressant d’expliquer notre mode de fonctionnement avec Marie-Gabrielle, ce que ça nous apporte et ce que ça impulse dans le travail.
Les ouvrages
Entretien avec Julie Legrand, par Pascal Pique, troisième opus de sa Collection Sur la route, Galerie Céline Moine, 2017
Jeanne Susplugas, avec les textes de Julie Bawin, Julie Crenn, Mario Blaise&Eric Corbobesse, Nicole Büsing&Heiko Klass, Jackie-Ruth Meyer, en français et anglais, ed. Norma, 2016, 184 pages
Les artistes
Issue de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Cergy-Pontoise après des études de philosophie et de lettres, Julie Legrand a exploré de nombreuses techniques verrières et a collaboré notamment avec le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal. Elle développe plus particulièrement un art innovant et sensible du verre au chalumeau. Elle a également suivi ces dernières années un master pro en création et technologies contemporaines à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle Saint-Sabin à Paris, ainsi qu’une formation en tournage sur bois et vannerie, mue par le plaisir de dialoguer avec la matière.
Elle expose régulièrement dans des musées et centres d’art contemporain et a participé à d’importantes expositions, notamment à la Fondation Bullukian, La Maison Rouge-Fondation Antoine de Galbert, à la Galerie agnès b et au Palais de Tokyo. Ses œuvres ont intégré de nombreuses les collections privées et publiques dont le Musée du verre de Belgique, Charleroi…
Docteure en histoire de l’art, Jeanne Susplugas développe, dès le début des années 2000, un travail portant sur l’enfermement et l’addiction. Elle met en lumière, à travers une multitude de supports, les maux de notre société menant à l’aliénation et à l’enfermement.
Protéiforme – vidéos, installations, mais aussi performances, dessin, sculpture…–, son travail puise notamment sa substance dans la littérature contemporaine ou ancienne, de Lewis Carroll à Frédéric Beigbeder ou Michel Houellebecq, véritable réservoir dans lequel elle isole des phrases qu’elle transforme en œuvres.
Très remarquée, son œuvre a notamment reçu le prix Opline pour l’art contemporain (elle a été sélectionnée par l’artiste Orlan), Elle est régulièrement exposée dans les musées d’art contemporain à travers le monde (Palais de Tokyo, Maison rouge à Paris, musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne, Kunst-Werke de Berlin, Biennale de Shanghai, Ulrich Museum of Art de Wichita, aux États-Unis, villa Médicis à Rome…).